Beyrouth, et le Liban d’un point de vue plus général, à un rapport contrarié avec son histoire particulièrement depuis la guerre civile. Aujourd'hui une iconographie d’un âge d’or d’avant les années 70 circule sous forme de photographies et de cartes postales qui fige le pays dans ce qu’il a été comme un refus de ce qu’il est devenu et en attente de quelque chose au-delà du présent. Le cinéaste Rudi Khalil questionne la mémoire collective de sa ville, spectateur de cette iconographie figée, miroir d'une nation qui a depuis du mal à se repenser et par la même à regarder et produire une image apaisée d'elle-même. Connaissant mon affection profonde pour sa ville et ses habitants, il m'a commandé ce qui pourrait peut-être devenir les nouvelles cartes postales de la ville. Pour ce faire, j'ai choisi de photographier les places iconiques des quartiers de la vie beyrouthine contemporaine en tentant à chaque fois de les prendre dans leur intégrité, c'est à dire sous l'angle d'usage, en respectant le point de vue par lequel ils sont le plus couramment perçus pour ne pas trahir une mémoire à venir.