être Homo en Turquie

Dans le cadre du projet photographique collectif « Être homo », six photographes* interrogent la notion de communauté LGBT (lesbienne, bi, gay et trans.) à travers 20 pays pour mettre en images une identité sociale et sexuée, individuelle et collective, qui se vit dans des cadres législatifs, sociaux, politiques et religieux hétérogènes. Ce travail dresse le portrait d’une réalité où dialoguent les différences et propose une réflexion plus large sur la notion d’acceptation et de tolérance**. Romain Etienne a passé près d’un mois au printemps 2007 en Turquie, auprès de gays, lesbiennes et trans. La Turquie est l’un des rares pays à majorité musulmane où l’homosexualité n’est pas interdite. Mais les homosexuels ne sont pas pour autant acceptés et protégés des discriminations ou des violences. Ce qui explique la difficulté à faire son coming out et à vivre son homosexualité en dehors de la clandestinité. Malgré la présence importante de lieux culturels, bars, clubs, la communauté homosexuelle a bien du mal à être visible notamment en raison de la difficulté des associations pour exister. LambdaIstanbul a ainsi eu du mal à trouver les sept personnes requises pour former un conseil d’administration. Car leur présence signifie immédiatement un coming out. Mais depuis le gouverneur d’Istanbul a poursuivi l’association, dont les statuts sont jugés « immoraux » ; une procédure qu’avaient eu à connaître les trois autres associations homos du pays. La Turquie est au milieu du gué : voulant adhérer à l’Union européenne, elle doit accepter les règles de pluralisme et de non-discrimination. Mais l’Etat turc est encore loin d’offrir à ces citoyens une liberté sexuelle et une protection à ses minorités.

Emmanuelle Cosse

* Franck Boutonnet, Marc Bonneville, Romain Etienne, Bertrand Gaudillère, Elisabeth Rull, Martin Barzilai et Emmanuelle cosse (Rédactrice)