Sandra et Rodrigo

 

L’Argentine a connu une crise économique, politique et sociale majeure en 2001. Pendant des années, ce pays a été considéré comme un modèle à suivre par les plus grandes instances économiques mondiales. Appliquant à la lettre les recommandations du FMI et de l’OMC, le pays n’a pu résister, et il a littéralement implosé en décembre 2001. Dans un pays qui fait faillite, personne n’est épargné, sauf bien sûr certaines classes sociales possédant des biens, avoirs et dépôts à l’étranger. La classe moyenne argentine, sans parler des classes populaires et des pauvres, se sont pris de plein fouet cette crise. Des personnes qui auparavant avaient un travail, un toit, des économies, une vie, se sont retrouvées pour beaucoup sans rien. L’une des images tristement emblématiques de ce choc étant le phénomène des « cartoneros », ces gens récupérant les cartons dans la rue pour les recycler, et dont beaucoup habitent dans cette même rue, ayant pour toute habitation ces mêmes cartons. En 2002, 50% de la population argentine était pauvre…

 

Sandra et Rodriguo habitent à Tristan Suarez, à une heure et demie au sud de Buenos Aires. Artistes tous les deux, se considérant comme faisant partie de la classe moyenne avant 2001, et comme économiquement pauvres aujourd’hui, ils n’ont pas eu d’autres choix que de venir habiter dans une petite maison de 25 m2 de deux pièces en province, après avoir habité dans un appartement à Buenos Aires. Ayant chacun un travail, lui jardinier, et elle remplaçante occasionnelle dans des écoles, ils cumulent à eux deux 7 heures quotidiennes de transports en commun pour se rendre et revenir de leur travail, n’ayant pas les moyens d’acheter une moto, et encore moins une voiture… Ils vivent sobrement, dans un confort assez sommaire, mais dignement, sur un bout de terrain pas encore fini de payer. Ils ont trouvé un équilibre de vie dans cette vie « à la campagne » non choisie, et semblent être un couple heureux. Les 300 à 500 euros par mois (quand Sandra travaille) qu’ils gagnent leur permettent tout juste de survivre, mais dans une grande dignité et force morale.

 

Janvier 2008