Du lever au coucher du soleil

Bamako, Mali - Février 2022

“Au Mali, on dit qu’un accouchement ne doit pas durer plus longtemps que du lever au coucher du soleil.”

La fistule obstétricale est une lésion qui se crée entre le vagin et la vessie et/ou le rectum à la suite d’un accouchement problématique. Elle entraîne des fuites constantes de selles et/ou d’urines et en conséquence une exclusion sociale des femmes touchées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette maladie touche 2 millions de femmes dans le monde. En Afrique de l’Ouest elle représente 3 à 4 cas pour 1000 accouchements, mais personne ne connait le nombre exact au Mali.
Touchant principalement les femmes au faible niveau socio-économique dans les régions rurales où la couverture médicale est faible, la fistule est surtout liée au fait que les femmes n’ont pas accès à des soins prénataux ou n’ont pas la possibilité d’accoucher dans des centres de santé avec du personnel qualifié. Les adolescentes qui tombent enceintes alors qu’elle n’ont pas encore atteint leurs plein développement physique sont les plus touchées.
À cause de leurs mauvaises odeurs, ces femmes sont très souvent exclues de leur communauté, abandonnées par leur mari et rejetées par leurs familles, en plus d’avoir dans 90% des cas perdu l’enfant lors de l’accouchement. Souvent isolées et en état de dépression, une onéreuse opération chirurgicale est le seul moyen de les guérir. De nombreuses femmes ne savent pas qu’il existe un traitement et n’ont pas accès aux établissements où sont pratiquées ces interventions. Depuis quelques années, des ONG mettent en place des campagnes de prévention, de réparation, et de réinsertion pour guérir cette maladie qui impacte les femmes tant sur le plan médical que social.
L’éradication de la fistule obstétricale reste un défi majeur pour ce pays en proie à une crise sécuritaire et politique dont l’une des conséquences est un affaiblissement des services publics sur une large partie du territoire.