BEYOND

 

Beyond est une série photographique documentaire.

Travail hybride issue de la collaboration du photographe Franck Boutonnet et de l’anthropologue Philippe Somnolet, à la croisée de la photographie contemporaine et de la photographie paysagère, Beyond est un travail documentaire en quatre chapitres réalisés à Dubai, mais trouvant sa genèse au Liban.

En effet, pendant six ans, Franck Boutonnet et Philippe Somnolet explorent et travaillent au Liban sans jamais se croiser, jusqu’à ce que les images de l’un, trouvent leur sens dans les textes de l’autre, c’est "Autostrade".

"Autostrade" pose le principe de la série de photographies paysagères comme travail documentaire. Il annonce le dispositif formel et la problématique. Formellement répétitif, la série crée une esthétique forte et insistante, voire entêtante. Des éléments périphériques, marginaux, impermanents sont replacés au centre de son paysage pour remettre en perspective l’édifice en les prenant comme étalon.

Beyond entretien cette hypothèse, mêle l’évocation problématique, métaphorique par sa systémique et la matière documentaire des éléments du paysage, réels et intouchés.

Beyond est un travail sur la mondialisation, il l’explore comme un marché de perspectives, sociales, professionnelles, paysagées et d’ego, le commerce des horizons d’attente.

Textes de Philippe Somnolet


Behind Billboards

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Série photographique sur l’envers des panneaux publicitaires aux dimensions extravagantes qui jalonnent le paysage de Dubai.

Leur architecture complexe faite de matériaux simples voire grossiers subissant les affres du climat sont un pendant à l’esthétique glossy de l’affichage publicitaire; l’envers du décor évoquant celui du cinéma. Ils nous montrent que cet idéal brillant est construit d’une myriade de petits gestes échafaudés dans le désert. Les humains bâtisseurs de ces échafaudages complexes ont disparu montrant la nécessaire, pointue et pléthorique main d’œuvre qui permet à l’édifice si ténu de ne pas s’effondrer. On dirait des châteaux de cartes, savamment construits pour que tiennent debout les façades sans épaisseur de l’idéal publicitaire.

 


TREES

Série photographique sur des arbres isolés au cœur du projet urbain de Dubai.

Ces arbres cernés par le projet Dubai qui semble s’ériger contre eux, suscitent de l’empathie. Seuls éléments organiques et à notre échelle, ainsi replacés justement au centre du paysage, ils sont pris à témoin et deviennent l’étalon de l’édifice. Ces éléments endémiques et naturels, clairement relégués au passé d’un projet artificiel et futuriste questionnent le présent qui s’étire entre eux deux. Quelle est la forme du projet d’habitat, quel présent habité constitue-t-il ?


WORKFIELDS

Depuis plus de quarante ans un projet urbain sort du désert. Dubai est une marque, une société de service construite pour accueillir des entreprises et offrir un cadre de vie luxueux à ses cadres. Le chantier habituellement accepté dans le paysage parce que passager et augurant d’un objet fini est ici à percevoir et à accepter comme une part permanente du paysage. La surface en chantier est si importante et omniprésente que le devenir semble toujours supérieur à l’existant. C’est le concept même de Dubai, c’est un projet sans limite. Son intérêt est cet appel d’air permanent de la nouveauté, cette tension constante vers le futur, les nouveaux projets chuintent les précédents, c’est une course en avant. Cette série est une réponse à la question posée par les arbres, le présent est en chantier, les slogans publicitaires légendant les quartiers à venir et à acquérir donnent le ton, « future is now ». Cette série qui trouve son esthétique dans l’enchevêtrement des chantiers, pour eux-mêmes, sans nostalgie ni frustration, une plongée totale, une acceptation du nouveau paysage à habiter est une proposition du slogan qui suit : « get used to it ».

« Development is an accumultaive process and shaping the future is an endless one » - Mohammed bin Rashid Al Maktoum – Ruler of Dubai

BEYOND

Série photographique sur ces hommes qui construisent le paysage de Dubai.

Si, comme il est de bon ton de le dire, la mondialisation offre des perspectives, elle offre surtout à certains le loisir d’en « offrir » à d’autres, elle en génère un marché. Cette mondialisation, notamment par la liberté de circulation des personnes et des capitaux à très haute fréquence, est le ferment de l’édifice de sociétés hédonistes sans limite. Le théâtre de ces horizons d’attentes sans limite se bâtissent sur ceux extrêmement limités offerts à d’autres. Des hommes et des femmes cernés dans des situations nationales étriquées sont alors exposés à des propositions incontournables, des lignes de fuite. Ils bâtissent et entretiennent bien au-delà de chez eux des paradis pour d’autres. Ils dessinent de leurs mains et habitent à la marge ces horizons d’attente inatteignables. Franck Boutonnet explore ici cette rencontre, celle des bâtisseurs et ces paysages qui n’évoquent que la démesure. Ces travailleurs vivent dans un no man’s land entre deux au-delà celui dont ils ont été extirpés pour en bâtir le second au-delà de leur espérance. Ils sont Indiens, Malais, Pakistanais, Ethiopiens, d’Afrique sub-saharienne, Chinois, Bangladais... ce sont les habitants bâtisseurs du « beyond ».