PARIS-KABOUL

A Paris, en 2009, des centaines de jeunes afghans gravitent autour du square Villemin, point de chute stratégique, entre la gare de l’Est et la gare du Nord. Certains y attendent le train ou le camion qui les conduira à l’étape suivante : la Grande Bretagne, la Hollande, la Norvège. D’autres espèrent trouver à Paris une place dans un foyer, une réponse favorable à leur demande d’asile, une autorisation de séjour, de travail.

Parmi eux, K. : il a décidé de fuir son pays avant tout "pour se sauver lui-même", ses parents ont été assassinés pour des raisons politiques, son rêve est simplement de "pouvoir avoir des amis, marcher librement dans la rue, étudier, travailler."


A quelques milliers de kilomètres des pelouses du parc, les familles. Celle de A. habite en banlieue pauvre de Kaboul. Le père part tous les matins chercher du travail au bazar ; le frère aîné a travaillé pendant un temps dans une ONG, mais il n'arrive plus à trouver de travail. Lui aussi voudrait partir, s'il avait les moyens. Il se doute bien que la vie de son frère à Paris n'est pas simple, mais ça ne peut pas être pire qu'à Kaboul. Comme la plupart des familles, celle de A. espère qu'il réussira bientôt à leur envoyer un peu d'argent, et que les dettes seront vite remboursées. De l'autre côté, il est souvent bien difficile d’avouer à sa famille combien le combat pour l’intégration peut-être long. Alors il faut mentir, un peu. Sauver la face. Dire que la vie n’est pas si mal en Europe. Que oui, ça valait le coup. Même au risque que cela en pousse d’autres à prendre la route. D’ailleurs, un ami, croisé à plusieurs reprises lors du voyage, vient de téléphoner à A. : il est à la gare, il vient d’arriver, où se trouve le parc exactement ?